Comment choisir un meilleur endroit que le château de Bosmelet pour étudier les arbres anciens et les soins qu’ils peuvent nécessiter ? En effet, l’allée de tilleuls plant és en 1618 par Colinet, premier jardinier de Le Nôtre à Versailles, est la plus longue d’Europe et mérite toutes les attentions. 162 tilleuls existent encore, dont certains atteignent 39 mètres de haut.
Le parc a été occupé par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale pour y construire pistes et rampes de lancement de V1. Il a été bombardé intensément par les Alliés. La partie centrale du château et de nombreux arbres ont été détruits ou endommagés. Le bunker de mise à feu était abrité sous un immense châtaignier datant du règne d’Henri III, que l’on peut heureusement encore contempler. Cet arbre labellisé Remarquable et Vénérable, ainsi que trois autres châtaigniers voisins, ont été plantés l’année de construction de l’orangerie du château, qui est contemporaine des premières éditions des Essais de Montaigne.
C’est dans ce cadre historique que s’est tenue une journée d’études sur les soins à apporter aux arbres, à l’initiative de l’Association Régionale des Parcs et Jardins de Haute-Normandie.
Cyril Retout et Christophe Riquier, de L’Office National des Forêts, ont, lors d’un exposé fort instructif, détaillé de nombreuses attaques auxquelles sont soumis les arbres de notre région, qu’il s’agisse de champignons ou de parasites, en passant par les aléas climatiques. Ils ont souligné par exemple qu’une année très sèche faisait souffrir immédiatement les hêtres, qui ont des racines traçantes, alors que les chênes, avec leurs racines pivotantes, ressentiront les effets de la sécheresse l’année suivante…
Dans la chapelle du XVIIIe siècle, l’ami d’Alain Germain, le paléontologue Philippe Taquet, Directeur émérite du Muséum national d’Histoire Naturelle et membre de l’Académie des Sciences, a avec passion présenté une histoire de l’arbre depuis ses origines.
Il est utile de connaître les conseils qui ont été donnés :
- Adapter les essences d’arbres aux caractéristiques du sol, comme la richesse organique, l’humidité ou l’acidité.
- Mélanger les essences : cela diminue le risque de dommages systématiques liés aux maladies qui frappent tour à tour les ormes, les platanes… et maintenant les frênes.
- Eclaircir périodiquement les peuplements pour permettre à certains arbres de se développer avec vigueur.
- Prendre bien garde à ne pas tasser le sol autour des arbres, avec de lourds engins motorisés en particulier, car cela asphyxie les racines.
- Quand on élague un arbre, éviter de mettre un onguent sur les blessures, dans la mesure où cela enferme l’humidité.
La visite du parc et du jardin de Bosmelet permet de voir un certain nombre d’arbres remarquables, comme le Magnolia grandiflora du potager, qui a plus de 150 ans.
Alain Germain, qui a acheté la propriété en 2016, y a mis en valeur, dans le château Louis XIII réhabilité, ses collections de dessins, mobilier, toiles peintes et costumes de scène classés au département des Arts du spectacle de la BnF. Il s’attache à proposer à un large public de nombreuses expositions, concerts et conférences.
Un lieu est prévu, dédié à Michel Hollard, le résistant que Churchill présentait comme L’homme qui a sauvé Londres, pour lui avoir transmis les plans des chantiers de rampes que les Allemands construisaient en Normandie et en Picardie.
Autre projet et autre registre, celui d’un centre de recherche internationale consacré à la poésie contemporaine par Vincent Vivès, professeur de littérature française des XIXème et XXème siècles.
Le château de Bosmelet est à 3 km au sud-est d’Auffay-Val-de-Scie, entre Rouen et Dieppe. Il est ouvert au public. Nombreux renseignements sur la page dédiée au château de Bosmelet.