Le parc du château d’Etelan

Ce qui frappe en premier quand on arrive à Etelan c’est le site : le château se voit de loin, finement découpé, telle une gemme claire perchée au bord du plateau qui surplombe la plaine du bord de Seine,dans la dernière boucle du fleuve avant l’embouchure.

Etelan derrière les blés
Etelan derrière les blés

De chaque côté, de grands arbres, principalement des hêtres, lui font comme un écrin.L’ancienne allée principale, une cathédrale de verdure, a été complètement détruite par la tempête de décembre 1999et replantée depuis en tilleuls jusqu’à la barbacane de l’entrée.Tout au bout, sur la droite, part une allée cavalière longue de près d’un kilomètre entre de hautes futaies de hêtres, chênes, marronniers et châtaigniers. Sur la gauche, à l’entrée, un saut de loup suit l’ancien mur d’enceinte.

L'arrivée à Etelan

C’est cela Etelan, un château Renaissance de style gothique flamboyant, un des tout  premiers construits en France,édifié en 1494sur le site d’une ancienne forteresse, et contemporain de Gaillon.

Etelan, c’est aussi un parc de vingt  hectares de hêtres et de chênes, les arbres rois de cette partie du Pays de Caux.

Le bâtiment lui-même, de dimensions relativement modestes,  est mis en valeur par une large prairie tondue : ses deux corps de logis, avec en alternance un appareillage de briques et de pierres de Caen, sont reliés entre eux par une galerie d’escalier en pierre d’inspiration très italienne.Le château a hébergé des personnages célèbrescomme Catherine de Médicis et toute sa cour en 1563. La Régente y fit prononcer l’accession à la majorité du roi Charles IX, son fils,par le Parlement de Rouen.

Terrasse compartimentée
Terrasse compartimentée ©Marc Boudier
Les arceaux
Les arceaux ©Michel Vandichele

De l’ancienne forteresse ne subsistent que les caves voûtées très spacieuses et la maison des gardes, habitée à présent par la propriétaire, madame Françoise Boudier.La famille Boudier, normande d’origine, a acquis le château en 1975 dans un état de décrépitude très avancé : Murs effondrés, trou béant de plusieurs mètres dans le sol de la salle à manger, sculptures très abîmées ; la Chapelle du XVIe siècle était très détériorée depuis un incendie accidentel pendant l’occupation allemande. Leur passion pour ce site historique a soutenu Jacques et Françoise Boudier dans leurs efforts de restauration pendant plus de quarante ans, qui se prolongent encore grâce aux enfants et petits-enfants, avec l’objectif de rendre au château et au parc leur splendeur.

Cela a un coût, au minimum 50.000€ par an,mais l’œuvre est en bonne voie. Comme aime à le dire Françoise Boudier : « Le manque de moyens et le souci de respecter l’histoire de ces lieux nous ont évité de faire des erreurs en restaurant trop rapidement! »

Quant au parc et aux jardins, limités à la terrasse toute proche du château, ils ont fait l’objet en 2000 d’une étude réalisée avec l’aide del’ARPJHN par l’architecte paysagiste Samuel Craquelin. Le projet a été réalisé le long de deux terrasses superposées. L’une accueille les visiteurs en contrebas de l’allée est-ouest  bordée de grands marronniers qui mène au château.

Des festons de buis taillés en vagues délimitent des carrés garnis au centre d’iris jaunes et violets et éclairés de bordures de santolines,pérovskias, romarins et gauras blancs. Le tout est en pente assez raide, ce qui nécessite un entretien attentif.

L’autre terrasse est garnie d’arceaux. Ils sont couverts de rosiers grimpants à petites fleurs et sont étoffés à leurs piedspar des lignes de lavandes.Le mur principal est recouvert de branches de vigne.

Ces terrasses avaient servi jusque-là de potager à la famille, puis à une tentative d’élevage de chèvres, qui s’est révélé inconciliable avec les quelques pommiers et poiriers existants…A présent l’essentiel de l’entretien, tonte des pelouses et taille des plantes, est assuré par la famille avec l’aide d’une jardinière.

Juste en dessous, un escalier rejoignait le quai d’embarquement à l’époque où la Seine venait battre le pied des murailles. Les nombreuses iles et bancs de sable permettaient alors de franchir le fleuve à cheval. Les marais qui bordaient le fleuve ont été asséchés par des Hollandais en 1740 et sont à présent cultivés ou en pâturages.

La grande allée

Dans la cour fermée sur trois côtés seulement par le château au sud et le logis des gardes au nord, reliés entre eux par les écuries à l’est, trônent trois tilleuls quadri centenaires, classées arbres remarquablesen 2011. Les propriétaires en prennent grand soin, les élaguant au strict nécessaire et taillant les repousses au pied en mini-haies circulaires. L’un d’entre eux a gardé ses branches basses jusqu’au sol, en un très bel effet quasi-pleureur.

Leur état sanitaire est régulièrement contrôlé, étant donnée la proximité des bâtiments. Ils sont magnifiés au printemps par un tapis de perce-neiges, de crocus et de jonquilles, puis descyclamens l’été sur plusieurs dizaines de mètres carrés.

A l’autre bout de la terrasse supérieure, au coin sud-est du bâtiment, se dressent deux grands Magnolias Grandiflora d’une dizaine de mètres de haut et autant de large,âgés de cent cinquante ans. Ils bénéficient de la douceur du microclimat de la basse vallée de la Seine.

Les terrasses et le château
Les terrasses et le château ©Baptiste Lécuyer

Les bâtiments annexes, les écuries d’environ 300 m², la ferme et ses dépendances, la glacière ainsi que le pigeonnier sont en cours de restauration, à l’est du château. Ils forment un ensemble plus intime, ombragé par une allée de tilleuls et de marronniers.

Toute la famille Boudier, ainsi que leurs proches,participent à des travaux pour transformer les écuries en lieu d’accueil pour des évènements privés.En attendant, une tente est utilisée pour de nombreuses réunions et mariages sur la terrasse du château, face à l’immense perspective, sans aucune trace du monde moderne envue, qui descend jusqu’à la Seine vers la forêt de Brotonne sur l’autre rive. On voit même passer des bateaux à travers les champs…

Vue vers la Seine

Malgré tous les efforts de remise en état de ces dernières années, les bâtiments et le château ne sont pas à l’abri des aléas climatiques : la tempête de 1999 a mis à bas plus de 800 arbres en une nuit. Depuis, les Boudier ont replanté environ 2.000 arbres.

La Chapelle, un joyau du 16e siècle, a également bénéficié d’une restauration de qualité des vitraux, des peintures murales, et des statues du 15e siècle, dont une Vierge à l’enfant qui joue avec le sein de sa mère, un thème que la pudeur a fait disparaître ensuite.

Marc et Alain Boudier

En ce qui concerne les aménagements futurs du parc et du jardin, ils sont encore à l’état d’ébauche et n’interviendront que dans une étape ultérieure. Nous les suivrons avec intérêt.

Les travaux de remise en état du parcet de la chapelle ont été rendus possibles,outre l’intervention de l’Etat et du Département, par l’Association des Amis du Parcet du Château d’Etelan, créée en 1975.

Forte de ses 450 membres, elle organise des événements culturels, des expositions, de nombreux concerts, représentations théâtrales et autres manifestationspendant la belle saison.

Le château d’Etelan esten rive droite de la Seine, face à la forêt de Brotonne, à 30 km du Havre. Il est ouvert au public. Nombreux renseignements sur la page dédiée au Parc du château d’Etelan.