Le Jardin du Mesnil, à Montérolier

– Entretien avec Philippe et Catherine Quesnel –

Attention, pourrait-on dire… L’expérience de la famille Quesnel est un exemple de ce à quoi peut entrainer un jardin, quand la passion se développe et pousse à aller toujours plus loin…

Cyprès chauve
Cyprès chauve

C’est à partir de 1984 que Philippe et Catherine Quesnel créent un jardin autour de leur maison. Gestion immobilière et professorat en anglais n’étaient pas des métiers qui les y conduisaient a priori, mais ils ont trois enfants et les parents ont l’idée de créer pour eux un jardin, clos de haies. Un deuxième vient, puis un troisième… conduisant à une structure qui se développe en escargot autour de la maison.

Les enfants grandissants, les haies sont supprimées et il apparait un jardin où des sentiers sinueux longent des arbres et arbustes plantés en grand nombre. Beaucoup ont été achetés à l’arboretum des Barres.

Mais le terrain est vaste, les visites de pépinières offrent des tentationsirrésistibles, des échanges de plants se font avec d’autres parcs, il est tellement gratifiant d’élever en pépinière des rhododendrons de collection achetés par cinquante puis de les planter en situation trois ans après… L’engrenage est tel que la surface plantée atteind trois hectares en quelques années, puis onze en 2008 et treize maintenant.

Les premiers arbres ont très bien poussé et ont atteint en trente ans des tailles imposantes ; ainsi ce cèdre que l’on voit près de l’entrée, entouré d’arbres persistants ou caducs choisis pour constituer un tableau riche en couleurs et qui change à chaque saison.

Autour d'un cèdre trentenaire
Autour d’un cèdre trentenaire

Un cyprès chauve mesure déjà une bonne douzaine de mètres de haut.

Ses racines superficielles développent des pneumatophores verticales, à quelques mètres de son tronc, même si l’arbre n’a jamais le pied dans l’eau.

Un tulipier a fleuri dès sa quinzième année, alors que beaucoup de gens se désolent de ne jamais voir de fleurs sur le leur. Il atteint près de quinze mètres de haut.

Des marcottes de Davidia involucrata (l’arbre aux mouchoirs) fleurissent très vite…

Pneumatophore
Pneumatophore
Le gingkobiloba a 30 ans
Le gingkobiloba a 30 ans

Un gingkobiloba de trente ans mesure déjà douze mètres de haut et son tronc dépasse 50 cm de diamètre.

Ces succès sont dus au terrain, constitué d’un mètre de limon argileux, très favorable. Le PH du sol était de l’ordre de 7 au départ, mais il est proche de 6 maintenant, en raison des nombreux résineux qui ont été plantés et dont les aiguilles acidifient la terre en tombant.

Cela favorise le développement de collections d’érables japonais, de rhododendrons, d’hydrangéas et d’autres plantes acidophiles.

Un podocarpus, conifère préhistorique, se plait ici depuis 25 ans alors qu’il est généralement considéré comme ne résistant pas à des températures inférieures à -7°. Les quelques frênes qui étaient près de la mare depuis 1920 sont, comme beaucoup dans notre région, victimes depuis 2014 de la chalarose, une maladie que l’on ne sait pas soigner et qui fait dépérir la cime des arbres.

Pour faciliter la croissance des jeunes plants achetés en quantité, une serre et une ombrière ont été installées.

Ombrière
Ombrière

Celle-ci est un long tunnel recouvert d’un fin voilage, qui protège les plantes des coups de soleil, de la grèle et des pluies trop fortes. La condensation qui se forme à la fin de la nuit tombe sur les godets et les pots. Un arrosage automatique et manuel permet de doser les apports d’eau.

C’est ainsi que depuis une trentaine d’années le parc s’agrandit de façon continue. Plus de 1.800 arbres ont été plantés. Une nouvelle partie vient d’être aménagée surdixhectares de prairies à moutons, où environ 2.000arbres et arbustes ont été plantés.

Partie plantée en 1995-2000
Plantations récentes
Plantations récentes

Pour faciliter l’entretien, les plants sont alignés afin de permettre le passage d’un broyeur toutes les trois semaines. Les pelouses du parc actuel sont quant à elles tondues toutes les semaines en saison.

Même si le parc a été conçu pour un usage privé, Philippe et Catherine Quesnel ont très vite pris le parti de l’ouvrir au public ; d’abord quelques week-ends par ans, puis de façon de plus en plus généreuse. La qualité et la maturité des trois hectares réellement ouverts à la visite a permis d’obtenir en 2016 le label de Jardin remarquable.

Acer, Rhodo, Podocarpus…
Cryptomeria japonica elegans

L’accueil des visiteurs est toujours fait par les maitres de maison eux-même, qui mettent leur point d’honneur à se rendre disponibles.

Dès qu’elle a pris sa retraite, Catherine Quesnel a ouvert dans un des communs un salon de thé : La Hulotte.

Elle y sert en particulier des pâtisseries qu’elle fait elle-même. Une salle permet de recevoir jusqu’à 45 personnes pour un goûter ou pour un déjeuner.

Salon de thé ©Quesnel
Salon de thé ©Quesnel
Catherine et Philippe Quesnel
Catherine et Philippe Quesnel

La qualité de l’accueil a été reconnue en 2016 par l’attribution du label Qualité tourisme, qui est attribué après des audits surprises.

Seuls trois jardins de Seine-Maritime avaient ce label à cette époque (Le jardin du Mesnil, le château de Miromesnil et le parc de Villers), ainsi que trois dans l’Eure : le château de Bizy, le château de Vascoeuil et le domaine d’Harcourt.

En 2017, le Jardin du Mesnil a rejoint le réseau des Jardins de Noé, dont la charte en dix gestes concourt au respect de la nature et à la préservation de la biodiversité.

Benoît de Font-Réaulx

Le jardin du Mesnil se trouve25 route du Mesnil, à Montérolier (Seine-Maritime), à une trentaine de kilomètres de Rouen en direction de Neufchâtel en Bray. Il est ouvert au public du vendredi au dimanche et les jours fériés, entre les mois de mai et octobre. Nombreux renseignements sur la page dédiée au jardin du Mesnil