Deux amoureux de botanique dans le Roumois – Jardin de la Vallée

Jardin de la vallee

Gérard Duaux et Philippe Jarry ont quitté l’agglomération rouennaise en 1993 pour venir se réfugier dans un ancien corps de ferme normand, situé au milieud’une prairie, dans le nord du Roumois, à quelques kilomètres de Bourgtheroulde.

L’un était vétérinaire, l’autre marin. Philippe a toujours aimé les fleurs. Le grand-père de Gérard, jardinier au cimetière parisien de Pantin (107 hectares), emmenait son petit-fils pour une aide bien utile lorsqu’il s’agissait d’agrémenter ce lieu de repos éternel de fleurs annuelles. Rien ne les prédisposait à se lancer dans la composition d’un jardin si ce n’est, pour l’un et pour l’autre, l’amour et la passion des végétaux. Ils n’ont pas visité d’autres jardins pour s’inspirer et dessiner le leur. Ils ont parcouru et parcourent encore toutes les fêtes de plantes à la recherche du ou des coups de cœur qui les séduiront et viendront embellir la propriété.

Magnolia-sieboldii-Jardin-de-la-vallee
Magnolia sieboldii

Sur plus de deux hectares, ils ont composé leur partition au fil du temps. Après délimitation de grandes zones sur ce qui n’était alors qu’une prairie, les toutes premières plantations furent celles des arbres et des arbustes. Chaque allée est plantée d’une essence d’arbre différente. L’accompagnement de vivaces viendra plus tard.

La mare - Jardin de la vallee
La mare

Puis, comme une vaste déambulation labyrinthique, de nombreuses plates-bandes s’articulent et se succèdent avec, pour chacune, sa propre composition : un arbre majeur, accompagné d’arbustes et complété par différentes floraisons de vivaces, apportant des fleurs toute l’année. L’ensemble s’apparente à un vaste sous-bois avec une grande richesse et variété botanique.

Magnolia sieboldii avec sa fructification - Jardin de la vallee
Magnolia sieboldii avec sa fructification

Ainsi on pourra découvrir différentes collections, avec quelques belles raretés, puisque 1.800 variétés sont présentes. Les 36 opulents magnolias dont un macrophylla imposant avec des feuilles de 60 à 80 cm et des fleurs de plus de 30 cm, rivalisent avec la cinquantaine de rhododendrons, qui n’ont rien à envier aux nombreux hydrangéas.

Un massif d’une trentaine de pivoines herbacées aux coloris variés, un autre de plus de deux cent cinquante rosiers modernes et quelques anciens complètent le décor.

Gérard et Philippe qui apprécient l’exotisme, ont ajouté quelques essences peu communes dans nos jardins normands, qui se sont bien acclimatées au Roumois. On pourra s’étonner devant unNashi  ouPyruspyrifolia(poire japonaise), un asiminier qui porte ungros fruit, l’asimine, dont le goût oscille entre banane et vanille et qui résiste au gel ; un Manglietiainsignis (magnolia), un Decaisneafargesii (arbre aux haricots bleus), le Ziziphus jujuba et ses fruits en forme d’olive marron qui se consomment blets, constituentautant de curiosités.

Mélèze pleureur en automne - Jardin de la vallee
Mélèze pleureur en automne

On pourra également admirer un Métasequoia, un Pinus parviflora dénommé aussi pin blanc du Japon, dont l’extrémité des branches ressemble à de grosses brosses rondes, un Abies koreana‘Silberlocke’ avec ses aiguilles argentées très recourbées, un Phytolacca americana ‘Silberstein’ au magnifique feuillage panaché de blanc et dont la jeune ramure est d’un rose presque fluo.

Pour ajouter à l’exotisme, la maison se prolonge par une serre qui abrite une intéressante collection de plantes grasses.

Métaséquoia - Jardin de la vallee
Métaséquoia

A l’arrière de la maison, on trouve un petit potager, quelques fruitiers et deux serres au contenu impressionnant : les productions de Gérard ! Généreux et passionné, aimant partager son savoir, ce propriétaire récolte la plupart des graines du jardin ou des boutures qu’il s’amuse à reproduire.

Et toujours dans un esprit de partage des connaissances, Gérard a pris un soin méticuleux à répertorier dans une base de données, toutesles espèces que l’on peut voir dans le jardin, par catégories, avec photos à l’appui. Ainsi, au cours de la visite, il peut aisément fournir tous les renseignements botaniques. Pour l’entretien, les deux propriétaires consacrent quatre heures par jour, l’après-midi, tous les jours de la semaine. Leur prochaine problématique est la future gestion des arbres vieillissants qui, s’épanouissant avec le temps, développent des houppiers de plus en plus imposants.

Texte : Martine Pioline
Photos : Martine Pioline, Gérard Duaux et Philippe Jarry
Date de publication de l’article : 2021

Le Jardin de la Vallée 351chemin du Pont, Berville en Roumois 27520 Les Monts-du-Roumois, est à 25 km au Sud-Ouest de Rouen. Il est ouvert au public.
Nombreux renseignements sur la page dédiée au jardin de la Vallée.