Histoire et composition du parc du château d’Emaleville

Entretien avec Arnaud et Frédérique Tourtoulou

Emaleville au XVIIIème siècle
Emaleville au XVIIIème siècle

Le château d’Emaleville, construit en 1725, a été restauré depuis son acquisition en 2002 par Arnaud et Frédérique Tourtoulou.

Le parc de 16 hectares avait subi des transformations depuis l’état très régulier qui le caractérisait au XVIIIème siècle. Mais il en reste encore une composition originale, de part et d’autre du grand axe du domaine, formée de doubles rangées de tilleuls en demi-lunes.

Demi-lune en tilleuls - Emalleville
Demi-lune en tilleuls

De cette époque classique, qui a valu l’inscription du château à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1996, date aussi le tracé des alignements encadrant les deux façades principales du château : des tilleuls et des topiaires d’ifs en forme de pyramides tronquées.

Un bassin, orné sur une petite île d’une sculpture en pierre, représentant une femme allongée, marque le centre de la composition à l’arrière de la perspective.

Un saut de loup marque la limite du domaine sans fermer le paysage.

Les paddocks - Emaleville
Les paddocks
Saut de loup - Emaleville
Saut de loup

Les nombreux buis du parc sont bien sûr sensibles aux attaques de pyrales du buis, mais une surveillance attentive a permis jusqu’ici de tuer leurs chenilles avec de simples pulvérisations de bacille de Thuringe. Quelques pièges à phéromones attirent les mâles et rendent ainsi facilement visible l’arrivée des papillons nuisibles.

Des transformations importantes du parc sont survenues en 1880, dans un style à l’anglaise. Le propriétaire de l’époque, Félix Duméril, avait un oncle médecin qui travaillait au Muséum d’histoire naturelle en tant que spécialiste des serpents. Cette connexion explique la plantation de vingt-cinq essences d’arbres, qui étaient présentes au Muséum : hêtres pourpres de Transylvanie, cèdres bleus de l’Atlas, cèdres du Liban, catalpa de Caroline cyprès chauves de Louisiane, Thuyas de la côte Est d’Amérique du Nord, Sequoia Wellingtonia de Californie, qui serait le plus élevé de Normandie. Les épicéas des Vosges, quant à eux, viennent de l’arboretum du château d’Harcourt.

Topiaires d'ifs - Emaleville
Topiaires d’ifs
Jeunes plantations en relais - Emaleville
Jeunes plantations en relais
Séquoia - Emaleville
Séquoia

Ces arbres ont donc près d’un siècle et demi et sont autant de points forts du parc. De jeunes sujets sont plantés depuis quelques années pour prendre un jour leur succession. Il s’agit tant d’espèces déjà présentes que d’essences nouvelles : magnolias, platanes, Gingko biloba, araucaria, pins de l’Himalaya… Comme toujours lorsqu’on plante de beaux sujets promis à de grands développements une fois adultes, il faut intervenir de temps en temps pour sélectionner les arbres qui subsisteront dans un siècle, et le choix n’est pas facile…

Arnaud et Frédérique Tourtoulou ont également planté des centaines d’arbres fruitiers, de rosiers et d’hortensias qui animent et éclairent le parc en différentes saisons.

Leur passion pour les poneys de compétition de grande taille (Catégorie D, jusqu’à 1,51m au garrot) les a amenés à créer de nombreux paddocks dans les anciennes prairies à vaches, ce qui crée une atmosphère très attachante.

Rosiers en juin - Emaleville
Rosiers en juin © Tourtoulou
Arnaud et Frédérique Tourtoulou
Arnaud et Frédérique Tourtoulou

Le parc du château, sa serre et la maison du jardinier ont été rénovés par les propriétaires. Ils ont fait aussi de nombreux aménagements pour développer une activité permettant de faire face à une partie des coûts du domaine : séminaires de direction, chambres d’hôtes dans différents bâtiments (hébergement possible jusqu’à vingt-six personnes), piscine. Il s’agit d’une activité exigeante ayant justifié beaucoup de travaux mais qui ont grandement embellila propriété.

Benoît de Font-Réaulx
Date de publication : 2020

Emaleville est à une dizaine de kilomètres au Nord d’Evreux. Son parc est ouvert au public en juillet et août, ainsi que pour les « Rendez-vous aux jardins » en juin et les journées du patrimoine en septembre.

Pour plus de renseignements, consultez la page dédiée au parc du château d’Emaleville