Une statue de « Flore et Zéphir » orne le parc du château de Bois-Héroult depuis 1760, peu après la création du parc en 1720.
Cette statue est depuis le XIXème siècle orientée vers le château, alors qu’elle était d’abord tournée dans l’autre sens, vers le « bois du Trianon » (nom provenant des « trois vallons » présents dans ce bois), au nord.
Elle se dresse à un point culminant du parc et sépare la partie du parc qui comprend d’anciennes chambres, de la partie avec des parterres à la française, aujourd’hui disparus. Elle est surtout mise en perspective parfaite entre le château et le bois du Trianon.
La statue mesure 2,35m de haut, sur un socle de 2m. Elle est en pierre calcaire tendre, ocrée claire, à grains fins. Elle n’avait jamais été protégée pendant les hivers et elle présente différents types de désordre : un encrassement végétal (mousses et lichens), une forte pulvérulence, et des dommages liés aux nombreuses restaurations qui avaient été faites aux XIXème et XXème siècles avec un mortier à base de ciment et de sable. Or le ciment, imperméable, empêche les flux humides de circuler à travers la pierre et il provoque, à terme, des fragilisations aux interfaces. De nombreux éclats sont donc tombés, en particulier autour d’anciens clous rouillés qui servaient d’armatures à des bouchages aujourd’hui disparus.
Nous avons fait procéder à divers analyses et devis par des spécialistes, avec le concours de la DRAC qui a inscrit la statue à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Après de longues discussions et la comparaison de différents devis, l’entreprise « Restaurateurs de sculpture », conduite par Nathalie Allain et Frédéric Rouchet, à Granville (dans la Manche), a été retenue.
Il a été décidé de restaurer la statue sur place plutôt qu’en atelier, ce qui permettra aux visiteurs du parc d’assister aux travaux pendant les trois mois prévus pour le chantier. Celui-ci comprendra plusieurs étapes, après échafaudage :
Un traitement biocide avec du Nettoit, un ammonium quaternaire utilisé pour la restauration de statuaire en extérieur (2 heures de travail prévues).
La dépose et l’élimination des éléments restitués lors des restaurations précédente (8h).
L’extraction des clous et des armatures corrodées (2h). Le gros travail (70h prévues) sera la restitution des manques, par modelage d’un matériau constitué de poudre de pierre calcaire et de chaux hydraulique, avec des tenons en inox. Ceci permettra l’inocuité, la stabilité et la réversibilité de la restauration.
La pierre sera consolidée par imprégnation maximum de Wacker OH, un silicate d’éthyl en solution dans le méthyléthylcétone, invisible (4h).
Les retouches des bouchages et restitutions seront faites avec un « lait » de chaux et de pigments secs.
Un dossier de restauration documenté photographiquement et techniquement sera archivé en vue d’éventuelles interventions futures.
La DRAC de Haute-Normandie ayant donné son accord en mars 2011 sur la réalisation des travaux, nous espérons les voir effectuer dès cette année.
Nous espérons que les indications fournies ainsi pourront être utiles à ceux qui se demandent comment restaurer des sculptures en pierre ayant souffert de leur exposition à l’extérieur. Quant à nous, nous avons bien l’intention de protéger à l’avenir notre statue avec un voile en tissus pendant les hivers…
Propos recueillis auprès d’Edouard et Priscilla de Lamaze (www.domaine-de-boisheroult.fr)