Bois-Guilbert : un jardin de sculpteur

Situé à 30km au nord-est de Rouen, entre Seine et Bray, le château de Bois-Guilbert appartient à la même famille depuis sa construction, sous Louis XVI. Jean-Marc de Pas, dernier d’une famille de 9 enfants, en a la charge depuis 1983.  Agé de 21 ans,  il  poursuivait sa formation de sculpteur, jusqu’à la thèse qu’il a soutenue en 1995. Il a dessiné les grandes lignes du parc dès 1985 mais la réalisation en a été progressive et se poursuit toujours.

Les pères de l'Europe

Les 7 hectares du parc, ouverts au public depuis 1993, présentent la particularité d’évoluer en effet au rythme des créations de Jean-Marc de Pas. 70 œuvres, allant de l’intime au monumental, y ont déjà leur place. Jean-Marc considère son jardin comme sa plus grande création : un rêve de sculpteur en trois dimensions, véritable tableau vivant dans lequel on peut entrer et se promener. Il  pense que le visiteur du parc, comme le vent qui le caresse, est une partie en mouvement d’une œuvre qui vit et respire.

Le parc est très vivant : il comprend non seulement l’atelier du sculpteur, mais aussi des ateliers pédagogiques ; Jean-Marc de Pas a en effet développé depuis 1989, année où la sculpture est devenue sa profession à temps plein, de nombreux cours de modelage pour des publics très variés, de la maternelle à l’âge adulte. Motivation à la fois artistique et financière, car cela a été un des moyens de subvenir aux besoins du domaine.

Sculpture du jardin des sculptures de Bois Guilbert

Les sculptures sont souvent conçues en même temps qu’un nouvel espace. Ainsi en va-t-il des Quatre saisons, réparties aux quatre coins d’un cloître de verdure qui est en création, avec des arches en charmilles. Comme ma visite à Bois-Guilbert a eu lieu le 31 décembre, on ne s’étonnera pas que j’ai mis la statue de l’hiver au premier plan de la photo…

Jean-Marc de Pas réalise lui-même des moulages en résine de ses modèles en terre, plâtre ou ciment, en leur donnant une patine vert de gris qui imite à merveille le bronze oxydé par les ans. Il m’est arrivé d’avoir à toucher les œuvres pour vérifier quel était le matériau utilisé.

Depuis quelques mois, l’association a installé une signalétique discrète au sol dans le parc qui indique la symbolique et la matière des œuvres, en bronze, résine, ciment ou autres matériaux.

L'arche d'alliance, chapelle - jardin des sculptures de Bois Guilbert

Jean-Marc de Pas aime guider le regard du visiteur pour lui faire découvrir certains rapprochements. Ainsi en est-il de l’arche d’alliance, près de la chapelle, qui s’inscrit particulièrement bien, à proximité de celle-ci, entre les rejets issus d’une souche de pin.

Une réplique de la Vierge à l’enfant, ici située tout contre la chapelle, peut être contemplée devant l’église de Saint Martin de Boscherville, en Seine-Maritime ou à l’Ecole de La Rochefoucauld à Paris, qui avait commandé cette œuvre à l’origine.

La femme qui marche - jardin des sculptures de Bois Guilbert
La femme qui marche

En flânant dans le parc, plusieurs statues incitent à se projeter dans le paysage.

Ainsi de La femme qui marche, située dans une clairière et que l’on découvre de dos. Il est évidemment tentant de la suivre et de la dépasser pour l’admirer. Mais alors c’est Le couple assis qui prend le relais et nous conduit devant une fenêtre ouverte sur la campagne.

Le couple assis - jardin des sculptures de Bois Guilbert
Le couple assis
Cadran solaire annuel - jardin des sculptures de Bois Guilbert

A l’extrémité ouest du parc, un Cadran solaire annuel est en cours d’installation. Il est formé d’une mire à travers laquelle on peut viser dans des directions matérialisées par des colonnes en métal. Le soleil se couche le 21 décembre, solstice d’hiver, au dessus de la colonne la plus à gauche (la plus au sud).

Le 21 janvier il se couche sur la colonne suivante, et ainsi de suite jusqu’au solstice d’été, le 21 juin. Il parcourt ensuite le même chemin dans l’autre sens. Jean-Marc de Pas prévoit d’installer des petits motifs représentant les signes du zodiaque dans les cercles évidés de chacune des sept colonnes.

Les activités du parc sont soutenues activement, depuis 1993, par une association, « Les Jardins de Bois-Guilbert », forte de 270 membres, qui anime 6 à 10 salariés à temps partiel et une trentaine de bénévoles. En 2009, ce sont 10.000 visiteurs qui ont été accueillis, dont 3.000 enfants initiés au modelage.

Gaïa- jardin des sculptures de Bois Guilbert
Gaïa

Gaia.jpgUn festival de la sculpture regroupe dans le parc des sculpteurs d’origines très variées. La dernière édition, en 2009, présentait des œuvres de trente artistes. La septième biennale se déroulera tout au long de l’été 2011.

Pour l’organisation de ces biennales, l’association bénéficie du soutien de la Matmut, qui prend en charge notamment l’édition des catalogues et des affiches, et fournit des moyens de transport pour les œuvres. En échange, les salariés de la Matmut peuvent visiter gratuitement le parc et près de 500 d’entre eux en ont ainsi profité. Jean-Marc de Pas estime que la dernière Biennale a attiré 1 500 à 2 000 visiteurs de plus dans les jardins.

L’association bénéficie également du soutien de la Caisse d’Epargne, de GDF SUEZ, de la Région Haute-Normandie et du Département de Seine-Maritime. Souhaitons que cette conjonction d’efforts se poursuive longtemps et permette à l’artiste de poursuivre ses nombreux projets…

Benoît de Font-Réaulx

Nombreux renseignements sur la page dédiée au jardin du château de Bois-Guilbert